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27 mai 2013

"Droit et images": CRHIPA, Ec. franç. de Rome, Villa Médicis, Cycle de colloq.: Appel à communications: "Le droit aux images", Rome, 2-3 déc. 2013 (limite: 30 mai 2013)

Information transmise par C. Némo-Pékelmann:

Droit et images
CRHIPA-Ecole Française de Rome- Villa Médicis
Cycle de colloques
Appel à communications

Le droit aux images

Rome
2 et 3 décembre 2013
(limite: 30 mai 2013) 
Présentation
En 2009, une exposition de photographie à la Bibliothèque nationale de France et à Lausanne intitulée «Controverse: photographie à histoire» avait fait date: elle dévoilait des images censurées qui avaient provoqué un procès non seulement pour outrage à la pudeur mais aussi pour atteinte à la dignité de la personne. Cette «juridification» autour de l’image semble être le propre de notre monde contemporain. Elle a été fortement réactivée ces quinze dernières années avec l’usage proliférant de l’image sur internet qui oblige les juristes à penser sans cesse leur statut. Pourtant la place des images dans le droit et l’image comme objet du droit a une histoire encore méconnue que cette série de colloques a pour ambition d’éclairer.
En effet, si les travaux sur les représentations de la justice du Moyen Âge à l’époque contemporaine sont fort nombreux[1], seules quelques études sporadiques ont montré que dès l’antiquité, les juristes portent un intérêt immense à la question des images. Celles-ci prennent pleinement place dans les nombreux conflits sociaux et politiques que la Justice devait trancher.
Dans l’Antiquité, les conditions juridiques de création et d’usage des images sont encore mal définies, même si la documentation ne manque pas. Les images des notables de la cité, mais aussi les représentations divines et impériales sont autant de type d’images réglées par des usages juridiques. Un ensemble de lois antiques concerne en effet les images qu’elles aient une fonction cultuelle ou politique, qu’elles représentent une divinité, un empereur ou de simples particuliers. En tout, dix-huit constitutions sont connues dans les codes publiés sous Théodose II (438) puis sous Justinien (529) et dans les collections de Novelles. Ces lois abordent aussi bien les préoccupations religieuses mais aussi les représentations des puissants. La littérature chrétienne, confortée par les sources juridiques, conciliaires ou émanant de l’administration impériale, critique pour finalement interdire sans retour, à partir du règne de Théodose, le culte des statues. Le processus d’élaboration de l’image comme sa position dans l’espace urbain ont fait l’objet de nombreuses recherches mais l’ensemble du processus, de l’attribution d’une image, de sa conception à sa place, sans oublier les enjeux juridiques de ces déplacements ou des enlèvements, et notamment à la fin de l’Antiquité, n’ont pas encore fait l’objet d’une synthèse. 

A la fin du Moyen Âge et à l’époque moderne, c’est d’abord le portrait qui cristallise l’action des
juristes: il constitue une preuve décisive dans l’attestation de la noblesse et occupe une  place centrale dans la question des fidéicommis[2]. De même, les armoiries sont parfois utilisées comme preuves juridiques d’appartenance à un groupe social déterminé[3]. Ces dernières ont été l’objet de nombreuses études depuis plusieurs décennies, en revanche les images plus courantes comme les sceaux ou encore les enseignes ont souvent été considérées comme le domaine exclusif d’une histoire antiquaire désuète. Si récemment, l’ouvrage de Hans Belting sur l’anthropologie des images a mis en avant leurs usages sociaux, il n’en demeure pas moins que leur lien étroit avec le droit, leur place dans le débat juridique et leur emploi spécifique dans le monde des juristes n’est apparu que partiellement, à l’exception notable des travaux sur l’utilisation judiciaire des images à travers le cas singulier des exécutions en effigie[4]. Pourtant, des études consacrées à l’emblématique juridique, un champ tout juste défriché[5], montrent combien les juristes non seulement pensaient avec les images, mais ils pensaient aussi les images et leur statut conférant à ces dernières une place décisive dans les pratiques religieuses ou politiques.

Le premier colloque qui associe le CRHIPA (Centre de Recherche d’histoire et d’histoire de l’Art, Italie et Pays Alpins) et l’Ecole Française de Rome, entend explorer ces aspects en partant du fondement antique jusqu’à la période contemporaine : que signifie aujourd’hui avoir droit à l’image et quels en étaient les enjeux à l’époque antique ou moderne? Comment les principes religieux fondent une partie du droit des images dans l’Antiquité et au Moyen Âge? Comment la création des images et leur usage deviennent-ils un acte juridique? Aujourd’hui, le droit aux images et des images relève-t-il d’autres enjeux? Ce sont ces questions qui guideront la première rencontre qui se tiendra à Rome les 2 et 3 décembre 2013.

Nous vous serions reconnaissants d’envoyer vos propositions de communication avant le 30 mai 2013 à c.dannoville@laposte.net et naima.ghermani@upmf-grenoble.fr



Notes



[1] Par exemple: R. Jacob, Images de la justice, essai sur l’iconographie judiciaire du Moyen Âge à l’âge classique, Paris, 1994; W.Sellert, Recht und Gerechtigkeit in der Kunst, Göttingen, 1993; D. Curtis et J. Resnik, Representing Justice. Invention, Controversy and Rights in City-States and Democratic Courtrooms, Yale, 2011.
[2] S. Costa, Dans l’intimité d’un collectionneur, Livio Odescalchi et le faste baroque, Paris, 2009, p. 175-176.
[3]  H. Belting, Pour une anthropologie des images, trad. fr., Paris, 2004. Voir aussi P. Zanker, Augustus und die Macht der Bilder, Munich, 2010.
[4] S. Edgerton, Pictures and Punishment. Art and Criminal Prosecution during the Florentine Renaissance, Oxford, 1985.
[5] V. Hayaert, Mens emblematica et humanisme juridique, Genève, 2008.